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Otologie : les otites du chien et du chat

 

 

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Point forts :

 

. Si les oreilles de votre chien ou de votre chat sont sales, s'il secoue souvent la tête, si la manipulation de ses oreilles déclenche douleur ou grattage avec la patte arrière… il est préférable de le présenter en consultation chez votre vétérinaire.

 

. Les principales causes d'otite chez le chien sont les épillets, (en toute saison, mais surtout en début d'été), des acariens (otodectes), des levures (malassezias), et des bactéries. Une inflammation du pavillon des oreilles peut aussi faire partie d'un problème de peau plus vaste (parasitose, allergie…)


. Une boule ferme, mais dont on sent le contenu liquidien, en face interne du pavillon est probablement un othématome, ou hématome de l'oreille. Le traitement est le plus souvent chirurgical.

 

. La surdité, ou au moins une baisse d'audition, est fréquente chez les chiens au-delà de dix ans, et parfois plus tôt. Des pertes d'équilibre peuvent aussi apparaître brutalement chez le chien âgé (syndrome vestibulaire idiopathique).

 

. La plupart des traitements doivent être précédés d'un bon nettoyage, qui fera remonter les saletés hors du conduit. Eviter les cotons tiges enfoncent et tassent les saletés au fond du conduit auditif, au lieu de les faire sortir.

 

 

 

 

                                       

 

 

 

 

L'inflammation des oreilles (otite) est l'un des principaux motifs de consultation de nos carnivores domestiques (et aussi des lapins et rongeurs). Les causes en sont variées, et le traitement en est plus ou moins facile selon les cas.

A noter que nous ne traitons dans cette fiche que des maladies de l'oreille : tout ce qu'il y a à savoir sur l'hygiène des oreilles et les soins quotidiens, (si tant est que des oreilles saines aient besoin de soins quotidiens), sont à lire en suivant ce lien.

 

 

 

LES OTITES SUR ÉPILLETS

 

Il est longuement question des épillets dans un autre chapître du site : les oreilles sont l'une des principales destinations des épillets de folle avoine, lors de leurs migrations printanières. Les chiens à poils longs et à oreilles tombantes, comme les caniches ou les briards, sont plus exposés que les chiens à poils ras ou à oreilles dressées, comme les boxers ou les bergers allemands.

 

Une fois arrivé dans l'oreille, l'épillet déclenche généralement une vive douleur : le chien secoue la tête, pleure, se gratte… Il faut alors le montrer assez rapidement à un vétérinaire. Lorsque ce n'est pas possible, un peu d'huile de table instillée dans l'oreille ramollira l'épillet, et permettra de faire patienter l'animal jusqu'au moment de la consultation. Plus rarement, l'épillet se cale dans un coin du conduit où il ne gêne pas trop, se recouvre de cérumen, et nous le découvrirons fortuitement quelques mois plus tard, par exemple à l'occasion d'une consultation vaccinale, chez un chien qui ne s'est jamais plaint de son oreille. En général, l'épillet descend jusqu'au fond du conduit, et s'arrête contre le tympan, mais il peut arriver qu'il le perfore. (Rarement, il peut alorspasser de l'autre côté, et se retrouver dans l'oreille moyenne… ce qui est très embêtant !)

 

Le traitement consiste évidemment à retirer l'épillet. Une sédation est souvent nécessaire, à cause de la très forte douleur qui fait vivement réagir le chien, dès que l'on effleure son oreille. Le conduit est examiné à l'aide d'un otoscope, et l'épillet retiré avec une pince spéciale (photo de droite, et vidéo ci-dessous). Les dégâts sont ensuite évalués (perforation du tympan ?) pour pouvoir mettre en place un traitement adapté : dans la plupart des cas, une simple pommade antibiotique pour quelques jours lorsque l'épillet n'a pas séjourné trop longtemps dans l'oreille et n'en a pas abîmé le conduit, mais parfois un traitement beaucoup plus important (local et/ou général) en cas de suppuration, de tympan perforé, d'infection ancienne…

 

 

   

Extraction d'un épillet de l'oreille d'un chien sous sédation : la douleur était trop forte pour réaliser l'extraction sur le chien vigile.

 

La prévention consiste à couper ou à raser les poils autour de l'entrée du conduit auditif, afin que l'épillet ne puisse pas s'accrocher et progresser jusqu'au conduit. On peut le faire soi-même, si le chien se laisse faire et que l'on dispose d'un minimum de matériel, ou bien le faire faire dans un salon de toilettage. Une autre mesure de prévention est d'empêcher les chiens d'aller se promener dans les champs ou les fossés remplis d'épillets… mais c'est plus facile à dire qu'à faire !

 

 

LES PARASITES : L'OTACARIASE, OU GALE DES OREILLES

 

Autre cause fréquente d'otite, Otodectes cynotis est un acarien qui vit essentiellement dans le conduit auditif, et provoque de très vives démangeaisons (voir la vidéo en fin d'article). Très contagieux, il peut passer d'un chien ou d'un chat à l'autre à l'occasion d'un contact étroit et assez prolongé (chiens de chenil qui mangent tête contre tête, chats qui dorment blottis l'un contre l'autre, ou mère avec ses petits, ce qui explique que l'on voie souvent arriver, pour le premier vaccin, des chiots ou des chatons pleins de gale d'oreilles). Précision importante, même si votre chat qui se secoue la tête vous fait de gros mamours en se frottant contre votre joue et votre oreille, aucun risque pour vous d'attaper ces petites bestioles !)

 

Le diagnostic se fait souvent directement, en observant l'intérieur du conduit auditif avec un otoscope : à travers la loupe de ce dernier, on voit les petits acariens qui se déplacent à la surface du cérumen, et si le chien ou le chat est suffisamment immobile, on arrive même à distinguer les petites pattes des parasites qui s'agitent. Sinon, on observe les acariens au microscope, au faible grossissement, après avoir écrasé un peu de cérumen entre lame et lamelle (photo ci-dessus : Otodecte femelle, prête à pondre un œuf. Vidéo ci-dessous : si vous aviez quelques centaines de ces petites bêtes qui se promenaient en grattant et en mordant dans chacune de vos oreilles, vous ne vous gratteriez pas, vous ? © Copyright JP Beaufils)

 

   

 

 

La gale d'oreilles se traite simplement et efficacement, à l'aide de produits acaricides instillés dans l'oreille, ou agissant par voie générale. Il est rare que l'oreille soit très abîmée, mais cela peut arriver sur des otacariases anciennes et surinfectées. Attention, la gale d'oreilles étant très contagieuse, il est obligatoire de traiter tous les animaux vivant ensemble pour guérir définitivement la maladie.

 

La gale d'oreilles affecte les chiens et les chats, mais aussi les lapins. Beaucoup plus rarement, on peut trouver d'autres parasites (notamment des Demodex) dans le cérumen, lors d'une otite (photo de gauche : Demodex dans le cérumen d'un chat ; un œuf est visible dans le Demodex, un autre à côté. © Copyright JP Beaufils). D'autres acariens (sarcoptes de la gale du corps, trombiculidés ou aoûtats…(photo de droite)), parasitent aussi les oreilles, mais à l'extérieur et non dans le conduit (voir d'autres photos et films dans la fiche Services / Dermatologie).

 

 

LES LEVURES : MALASSEZIA PACHYDERMATIS

 

Lorsque l'on fait un prélèvement de cérumen dans une oreille enflammée, et qu'on le
regarde au microscope après coloration, il est fréquent, essentiellement chez le chien, de trouver des levures, appartenant le plus souvent à l'espèce Malassezia pachydermatis (photo de droite © Copyright JP Beaufils). Celles-ci peuvent être la cause de l'otite, mais le plus souvent, elles ne sont là qu'en complication d'une otite pré-existante, (par exemple sur atopie), profitant de l'excellent milieu de culture constitué par une oreille enflammée, chaude et humide. Cela dit, une fois qu'elles se sont installées et multipliées, ces levures sont cause d'une otite qui évolue pour elle-même, et doivent donc être éliminées.

 

Le traitement passe par un nettoyage quotidien des oreilles (lavage "à grande eau" avec un produit de nettoyage, si possible actif sur les levures : voir les conseils pratiques et la vidéo, à la fin de cet article), puis par l'instillation de gouttes anti-inflammatoires et antifongiques. Ce traitement doit être assez prolongé pour être efficace (au moins une douzaine de jours).

 

 

LES BACTÉRIES : STAPHYLOCOQUES, PSEUDOMONAS, ET Cie

 

Comme les levures, les bactéries peuvent être à l'origine de l'otite, ou venir en complication d'une autre cause (corps étranger, déformation du conduit…). Elles entraînent des suppurations qui peuvent être redoutables (notamment dans le cas d'infections à Pseudomonas aeruginosa), avec fréquemment une perforation du tympan.

Comme pour Malassezia, les bactéries sont mises en évidence en quelques minutes, sur un prélèvement de pus, coloré, puis regardé sous le microscope.

 

  

Étalement de pus d'oreilles : à gauche, nombreux polynucléaires neutrophiles (PN, les cellules que l'on trouve dans le pus), dont plusieurs "digèrent" des bactéries en forme de coques. À droite, PN et bactéries en forme de gros bacilles : la mise en culture de ces pus a montré qu'il s'agissait respectivement de Staphylocoques et de Pseudomonas. © Copyright JP Beaufils.

 

Là encore, le traitement passe par des lavages abondants de l'oreille avec un produit de nettoyage antiseptique, afin d'éliminer mécaniquement la plus grande quantité possible de pus et de bactéries, puis par l'instillation de gouttes contenant un antibiotique généralement actif sur le germe observé sous le microscope. On est souvent amenés à demander un antibiogramme, soit en première intention devant une suppuration sévère, soit dans un deuxième temps, après échec d'un premier traitement : du pus est prélevé stérilement et envoyé à un laboratoire de bactériologie, qui identifiera précisément la bactérie en cause, et nous dira quel antibiotique aura le plus de chances de l'éliminer.

 

Dans certains (rares) cas d'otites bactériennes réfractaires à tout traitement médical, notamment lorsqu'une suppuration est installée dans la bulle tympanique sans qu'il y ait moyen de l'en déloger, le dernier traitement possible pour l'otite peut être chirurgical : abaissement du conduit auditif externe, trépanation de la bulle tympanique, voire exérèse complète du conduit auditif et de la bulle tympanique. Ces interventions sont heureusement rarement nécessaires et réservées aux cas les plus sévères… mais elles peuvent permettre à un chien qui souffre de son oreille en permanence, depuis des années, de ne plus souffrir.

 

 

LES ALLERGIES : L'OTITE ÉRYTHÉMATO-CÉRUMINEUSE (OEC)


Dans le cas des OEC, il s'agit d'une inflammation du pavillon plutôt que d'une atteinte du conduit, comme dans les cas précédents. Les plis du pavillon sont alors rouges et hypertrophiés, jusqu'à obstruer totalement l'entrée du conduit, dans les cas les plus évolués. La peau prend un aspect épaissi et craquelé, dit "en peau d'orange" (photo de gauche), tout cela est suintant, malodorant, et très prurigineux et/ou douloureux pour le chien. L'OEC a généralement une origine allergique : elle est souvent l'une des manifestations d'une dermatite atopique. C'est typiquement l'otite qui se complique d'une infection par Malassezia (voir plus haut).

 

En début d'évolution, le traitement est celui de l'allergie. Il concerne la peau du pavillon, et non le conduit auditif. Une fois l'OEC compliquée par des Malassezia ou par des bactéries, ces dernières devront être traitées à l'intérieur du conduit, comme indiqué plus haut.

 

 

LES TUMEURS, POLYPES…

 

Une tumeur, même bénigne, un nodule, un polype… qui se développent à l'intérieur de l'oreille, jouent un rôle de corps étranger, et provoquent une gêne pour le chien ou le chat : une inflammation, voire une suppuration se développent dans la plupart des cas.

 

Examen endoscopique du conduit auditif d'une chatte Maine Coon de deux ans, souffrant d'une otite suppurée depuis plus d'un an. Noter la suppuration et le saignement dans le conduit auditif (photo de gauche). Après nettoyage du conduit, on observe la disparition du tympan, et un polype occupant toute la bulle tympanique (photo de droite). L'examen histologique après exérèse chirurgicale a montré qu'il s'agissait d'un polype nasopharyngé, prenant donc probablement naissance dans la trompe d'Eustache du chat.

 

Si l'animal est gêné, il est nécessaire d'aller retirer ce nodule. Il peut s'agir d'une intervention bénigne (un petit coup de bistouri électrique), si la lésion est petite, et placée près de l'entrée du conduit. En revanche, la mise en œuvre d'un matériel spécialisé (vidéo ci-dessous), ou une chirurgie plus importante, sont nécessaires dans le cas d'une tumeur de grande taille, et/ou située au fond du conduit, et/ou récidivante : une chirurgie d'abaissement du conduit auditif peut alors être nécessaire. Chez les chats, certains polypes observés dans l'oreille ont leur "racine" au-dessus du voile du palais, ou dans la bulle tympanique (photos ci-dessus) : là aussi, une intervention assez importante sera nécessaire pour les retirer. L'atteinte de l'oreille par elle-même, ou une chirurgie importante sur la bulle tympanique, peuvent entraîner l'apparition d'un syndrome de Claude Bernard Horner (voir plus loin).

 

 

Visualisation d'un polype au fond de l'oreille d'un basset hound souffrant d'otite chronique : le polype apparaît d'abord indistinctement au milieu du pus, puis bien nettement après lavages du conduit. On assiste ensuite à l'extraction d'un premier morceau du polype. La dernière partie de la vidéo montre le contrôle du fond de l'oreille en fin d'intervention : seuls persistent un petit caillot et un peu de fibrine sur les parois, là où prenait naissance le polype.

 

 

ET LES OTHÉMATOMES

 

On a parfois la surprise de retrouver son chien (ou plus rarement son chat), avec une boule, plus ou moins grosse, sur le pavillon d'une oreille. Si l'on appuie dessus, pas de doute, c'est du liquide (en l'occurrence du sang), qu'il y a à l'intérieur. En général ce n'est pas douloureux, mais ça peut gêner le chien, qui secoue alors la tête (ci-contre : othématome sur l'oreille droite d'Ulysse).

 

On ne sait pas toujours à quoi est dû un othématome. Dans la moitié des cas, on trouve une bonne otite, et la cause est alors évidente : à force de se secouer, le chien a fait éclater un petit vaisseau sanguin dans le pavillon, et le sang s'est répandu entre le cartilage et la peau de l'oreille jusqu'à constituer cette poche. En revanche, dans l'autre moitié des cas, on ne trouve rien d'anormal dans les conduits auditifs, et la rupture du vaisseau sanguin semble donc être spontanée.

 


 De multiples traitements ont été essayés avec plus ou moins de succès. Les simples ponctions sont souvent décevantes, car l'hématome peut se reformer aussitôt. L'une des interventions les plus efficaces pour éviter les récidives consiste à inciser l'hématome, puis à plaquer les deux feuillets de l'oreille l'un contre l'autre à l'aide d'une plaque de mousse traversée par de multiples sutures, jusqu'à cicatrisation. Le chien doit malheureusement porter une "collerette" pendant ce temps, pour l'empêcher de tout arracher ! (photo de gauche : aspect de l'othématome nettoyé et désinfecté, prêt à être incisé. Après incision de l'othématome, une plaque de moussse est appliquée sur la face interne de l'oreille (ci-dessous à gauche) et bien plaquée à celle-ci par de multiples points qui ressortent sur la face externe (ci-dessous à droite). Les feuillets de l'oreille cicatrisent ainsi bien collés l'un à l'autre, sans laisser de place pour un nouvel hématome). 

Il est aussi possible de se contenter de ponctionner l'hématome avec injection de corticoïdes à l'intérieur de la poche et traitement par voie générale, mais si la procédure est plus légère, les résultats en sont aussi plus incertains.

 

        

 

Et si l'on n'opére pas, me direz-vous ? eh bien dans quelques cas, l'hématome va grossir jusqu'à envahir la totalité du pavillon, et la pression alors exerée pourra être gênante ou douloureuse pour le chien. Dans le pire des cas, le sang collecté à l'intérieur de l'hématome pourra s'infecter, l'othématome évoluant alors vers un abcès beaucoup plus embêtant à traiter. Mais dans la plupart des cas, l'hématome se contente de se résorber, avec une rétraction cicatricielle : on se retrouve alors avec une oreille toute ratatinée, avec un aspect en chou fleur, et un préjudice essentiellement esthétique. Donc si vous êtes fier du beau visage régulier et symétrique de votre chien, a fortiori s'il s'agit d'un animal de concours, il vaut mieux opérer. Si le chien est vieux, qu'une anesthésie serait risquée, et que l'aspect de ses oreilles importe peu, on peut essayer de le laisser comme ça.

 

 

QUELQUES AUTRES PROBLÈMES LIÉS AUX OREILLES


Dermite solaire et tumeur du pavillon chez les chats blancs :

La vie est injuste pour les chats blancs : en plus d'être sourds, (certains, pas tous ! voir le paragraphe suivant), ils risquent d'attraper des coups de soleil sur les pavillons des oreilles. (Les chats d'autres couleurs, mais avec les oreilles blanches, peuvent avoir le même problème : photos ci-dessous). On voit d'abord apparaître une rougeur et un squamosis à l'extrémité du pavillon, là où les poils sont les plus rares. Puis, au fur et à mesure que la dermite progresse, des croûtes et des ulcérations apparaissent, et le bord du pavillon s'enroule sur lui-même (photos ci-dessous). Finalement, des tumeurs (carcinomes épidermoïdes), se développent sur ces lésions actiniques (= dues à un rayonnement) : simples petits nodules qui saignotent au début, on peut se retrouver finalement avec d'énormes masses qui rongent l'oreille et une partie de la face du chat, et peuvent métastaser à d'autres organes.


  

Ce chat n'est pas totalement blanc, mais ses oreilles le sont, ce qui est l'essentiel, si l'on peut dire. La dermite solaire est relativement peu évoluée, avec squames, croûtes, et le bord du pavillon qui commence à s'enrouler sur lui-même. Les photos sont anciennes, d'où leur qualité moyenne.

 

Voici le stade suivant : l'extrémité de l'oreille droite de cette chatte est déjà bien attaquée, avec ulcérations et croûtes (à comparer aux photos ci-dessus) : on est peut-être encore au stade de la dermite solaire bien évoluée, ou peut-être déjà au stade du carcinome épidermoïde. Quant à l'oreille gauche, elle est sans aucun doute possible à moitié rongée par un catcinome épidermoïde. Le sang séché sur la nuque de la chatte montre qu'elle doit régulièrement se gratter ou se secouer, et en envoyer partout. La chatte est ici sédatée, avec son cathéter à la patte droite, prête à être anesthésiée pour l'exérèse des oreilles.



La prévention consiste à mettre les oreilles du chat à l'abri du soleil, dès l'apparition des toutes premières lésions : on peut garder Félix à l'intérieur, de préférence tout le temps,
ou a minima quand il y a du soleil, qu'il soit voilé ou pas. (Bon courage si le chat a l'habitude de vagabonder nuit et jour dans la nature : voir les conséquences de la séquestration du félin par ici et par ). Une solution plus raisonnable est de mettre de l'écran total sur les pavillons des deux oreilles, une ou deux fois par jour.

Une fois les lésions bien installées, a fortiori si on en est au stade du carcinome, (photo ci-dessous à gauche), il ne reste pas d'autre solution que de couper les oreilles à ras ! (trois photos ci-dessous). Évidemment, cela change un peu la  physionomie du matou, mais une fois que les poils ont repoussé, on s'y fait très bien, et le chat est beaucoup moins traumatisé que son propriétaire par son nouveau look ! Si la chirurgie est exclue pour une raison ou pour une autre, on peut obtenir des résultats intéressants avec une pommade active sur les carcinomes, mais cette option n'est envisageable que sur des lésions débutantes. Signalons enfin que des lésions similaires peuvent se développer sur la truffe, chez les chats à muqueuses claires (Suivre le lien pour voir l'histoire de Poutzy).



     

Photo de gauche : autre exemple de carcinome poussant sur l'extrémité d'une oreille bien blanche. Photo de droite : Mimine, deux ans après son otectomie. Si elle a l'air furieuse sur la photo, c'est parce qu'elle vient de passer un petit moment à la clinique, et pas à cause de son changement de look - au demeurant pas du tout choquant, une fois qu'on s'y est habitué.


   

Pour le coup, cette chatte-ci était bien blanche. Ses deux oreilles ont été coupées à ras pour cause de dermite solaire, et une fois les poils repoussés, le résultat esthétique est tout à fait acceptable. La chatte, en tout cas, n'est pas du tout traumatisée.


La surdité :

On observe des surdités congénitales, certaines races ou certains types d'individus étant prédisposés : les dalmatiens (photo de droite) et les chats blancs, par exemple, présentent un risque de surdité augmenté. La surdité est alors constatée dès le plus jeune âge.

 

Les vieux chiens constituent l'autre grande catégorie de chiens sourds : il est courant qu'aux alentours de dix ans, un chien cesse d'entendre certains bruits (il continue à réagir à ceux qui le motivent vraiment, comme les bruits de laisse ou de cuisine), avant de devenir totalement sourd quelques mois ou années plus tard. On ne sait pas toujours avec certitude s'il s'agit d'une véritable surdité (sans traitement à l'heure actuelle), ou d'une perte d'intérêt pour l'environnement, chez de vieux animaux qui perdent un peu la tête (syndrome confusionnel du vieux chien, qui ressemble à l'Alzheimer de l'Homme). Une certaine récupération est parfois possible sur ce type de surdité, lorsqu'on traite le syndrome confusionnel.

 

A contrario, et contrairement à ce qu'on pourrait supposer, les chiens qui ont eu des otites à répétition, y compris avec des suppurations persistantes et des perforations du tympan, continuent généralement à entendre de façon satisfaisante.

 

Le syndrome de Claude-Bernard-Horner :

Il s'agit de l'association d'une paupière supérieure qui tombe, d'un corps clignotant qui remonte, d'un œil qui recule (énophtalmie), et d'une pupille rétrécie (myosis). De nombreuses lésions dans la région du thorax, du cou et de la tête, peuvent provoquer ce syndrome, par l'atteinte de différents nerfs, mais une otite sévère, qui chatouille le nerf facial, en est une cause classique. Les symptômes disparaissent généralement après guérison de l'otite. Une chirurgie lourde de l'oreille, comme une exérèse du conduit auditif ou un drainage de la bulle tympanique, peut également entraîner un syndrome de CBH, le plus souvent transitoire. 

Photo ci-dessus : aspect classique du syndrome de Claude-Bernard-Horner chez un chat présentant une otite moyenne gauche : ptose palpébrale, procidence du corps clignotant, énophtalmie et myosis, du côté de l'oreille qui penche.

 

Les troubles de l'équilibre :

Tout ce qui touche à l'oreille interne peut entraîner des troubles de l'équilibre avec tête penchée, chûtes… On pense en particulier à l'extension à l'oreille interne, à travers un tympan percé, des otites externes évoquées plus haut. Mais il existe aussi chez le chien âgé des syndromes vestibulaires idiopathiques, de cause inconnue. On laisse quelques instants notre vieux chien parfaitement normal, et on le retrouve cinq minutes après en train de tourner en rond toujours dans le même sens, perdant l'équilibre, avec la tête penchée et des mouvements anormaux des yeux (nystagmus). Une récupération est obtenue en quelques jours dans la plupart des cas (malheureusement pas toujours).

 

 

EN PRATIQUE : COMMENT NETTOYER L'OREILLE DE MON CHIEN OU DE MON CHAT ?

 

(Voir aussi la Fiche conseil : Hygiène de mon chien : les yeux et les oreilles).

 

Pour que le traitement d'une infection ou d'une inflammation de l'oreille soit efficace, il faut instiller dans l'oreille un produit actif sur la bactérie, la levure ou l'inflammation, mais il est nécessaire que l'oreille ait été nettoyée au préalable : en effet, les gouttes antibiotiques tombant au fond d'une oreille remplie de pus auront peu de chances de pouvoir agir. Le nettoyage a aussi un effet mécanique de dilution sur les bactéries et autres agents infectieux.

 

Concrètement, on soulève le pavillon (photo ci-dessous à gauche), et on envoie une bonne giclée de produit nettoyant dans l'entrée du conduit auditif, que l'on remplit à ras bord. Il n'est pas nécessaire d'introduire l'embout du flacon à l'intérieur du conduit auditif, mais celui-ci étant coudé, il n'y a de toute façon aucun risque de léser le tympan si l'on enfonce l'embout dans l'oreille. On prend ensuite le conduit (que l'on sent bien sous la peau) entre deux doigts, et on le masse assez énergiquement pendant une bonne dizaine de secondes (photo ci-dessous à droite et vidéo), ce qui a pour effet de faire remonter les saletés. À ce stade, en général, l'animal secoue la tête énergiquement, et vous asperge de produit nettoyant et de cérumen… mais c'était après tout l'effet recherché ! à l'aide d'un morceau de coton ou d'une compresse, on nettoie tous les débris qui restent accrochés au pavillon et à l'entrée du conduit, et on recommence l'opération trois ou quatre fois, jusqu'à ce que le produit de lavage ressorte propre du fond de l'oreille.

 

Eviter d'utiliser des cotons tiges, qui enfoncent et tassent les saletés au fond du conduit, au lieu de les faire sortir ! On peut les utiliser pour retirer les saletés qui se logent dans les plis du pavillon, mais pas plus.

 

       

 

   

Nettoyage d'oreille chez un chat atteint d'otacariase (gale des oreilles) : on peut voir les fortes démangeaisons dues aux déambulations des acariens dans le conduit, (le chat ne peut s'empêcher de se gratter frénétiquement), le nettoyage lui-même, (on remplit le conduit, on masse bien, et on récupère le cérumen qui remonte), et le chat qui termine l'opération en se secouant vigoureusement la tête, aspergeant ainsi les murs et toutes les personnes présentes !

 

Il existe de nombreux produits nettoyants aux propriétés différentes. N'hésitez pas à nous demander conseil pour le choix du produit, et pour la réalisation pratique du lavage (à l'occasion d'une consultation vaccinale, par exemple).

                                        

© Copyright texte, logo et photos (sauf la première de l'article) : SCP Vétérinaires Beaufils, Jumelle, Jannot, Lorant. Tous droits réservés pour tout support. Reproduction interdite.